Je souhaite apporter ma brique à l’édifice en ce qui concerne la perception des mesures/réduction de consommation de viande par l’agroalimentaire et les éleveurs. Aussi, j’ai l’impression de voir un argument pro-nucléaire contre pro-EnR
, on oublie toute nuance dans l’argumentaire ou la volonté de l’autre et hop, on en fait un méchant pas beau ! Et comme le dit si justement @jchelary, la convention citoyenne fait ressortir des velléités qui c’étaient faites plus discrètes ces derniers temps. Cela me fait penser aux réactions des patrons face à l’intervention de Camille Etienne à l’université d’été du MEDEF (risible et minable la réaction) ou même à une phrase de M. Sarkozy, « L’environnement ça commence à bien faire ». L’économie est en péril, on parlera d’écologie plus tard.
En France comme dans beaucoup de pays riches européens, l’élevage n’est pas du tout le même qu’en Australie (pays de l’article), au Brésil (bcp bœuf) ou en Pologne (porc à une époque). On élève moins en masse et avec des méthodes plus douces et respectueuses des animaux (il y a tjrs des verrues qu’on arrive à trouver). Il est donc important de faire cette distinction, mais aussi de répéter qu’on doit quand même consommer moins de viande. Les critères sur lesquels je pense nous devons nous concentrer sont : Comment est nourrie la bête ? D’où vient la nourriture ? Combien est rémunéré l’éleveur ? Est-ce qu’on l’encourage à planter des haies et à avoir de belles prairies (pratiques vertueuses !)? On se rend compte qu’en France on est vraiment pas mal, même si on a une grosse marge de progression.
Pour toutes les études sur ce sujet, il faut distinguer la viande de plats préparés (celle où on a le moins d’infos souvent et qui est la moins chères), de la viande des steaks hachés (si origine france/UE, très régulée et qui contient bien plus de bons morceaux qu’on ne le croit car la vente de pièces de viandes en France est en berne) et la pièce de viande type boucher ou Label Rouge ( Bœuf Label Rouge, viande bovine : race de vache à viande - Label Rouge Viande (label-rouge-viandes.fr)). Elles n’ont pas le même cycle de vie/impact. Tout ça pour moi cerne bien la partie type de matière et la problématique des type d’élevages.
Ensuite, le prix, contrairement à ce qu’on peut penser, les industriels ne sont pas tous des grands méchants qui tabassent les agriculteurs en baissant sans cesse les prix, c’est archi-faux. Il faut voir le prix d’entrée de la viande dans une usine de transformation comparé à son prix de sortie, la marge est souvent très faible pour une structure industrielle (source, mon père est contrôleur de gestion dans une grosse usine agro et j’en discute régulièrement avec lui). Il n’y a qu’à consulter les comptes de ces entreprises et à comparer avec d’autres domaines. Cette industrie souffre tout autant de la guerre des prix des grands distributeurs que les éleveurs, vous n’aurez pas besoin d’aller loin pour trouver un article sur la fermeture ou le rachat d’un abattoir ou d’une usine de transformation. Seuls les gros survivent et ils sont très agiles malgré leur taille (fluctuation des prix, concurrence, industrie très dépendante des hommes). Alors oui, ce n’est pas le monde des bisounours et il y a quelques pommes pourries… Mais quand je lis que par exemple Jean-Paul Bigard (75 ans, pas retraité) patron du groupe Bigard (actionnaire 90%), 17000 personnes, 4 milliards de CA, une personne qui a toujours été aux reines de son entreprise, être critiqué parce qu’il a un capital perso estimé à 500 millions d’euros, ça me fait doucement rire. Quand on lit que les transformateurs se gavent alors que le prix en rayon est près du double (voire plus) de celui de la sortie d’usine, je me marre aussi.
Je m’arrête là pour revenir au sujet décarbonation, car je suis sans doute un peu biaisé et ces messieurs de la grande distributions ont sans doute beaucoup de frais et sont mal en point.
Pour avoir un élevage sain, il faut augmenter la rémunération des agriculteurs et donc les prix en magasin. Cela fera peut-être baisser la conso (déjà -10% en 10 ans) ? On doit encourager les pratiques plus vertueuses par des subventions ou de meilleures politiques de prix. Je sais qu’en en discutant avec des personnes du métier, faire de la viande un produit un peu plus occasionnel et haut de gamme n’est pas nécessairement absurde pour eux. Ce qui compte à leurs yeux c’est de garder leur métier et de redorer leur image auprès du public. On parle ici de personnes, agriculteurs, ouvriers, cadres, qui opèrent comme ils le peuvent et pour satisfaire une demande client. Si le client demande des produits compensés par des puits de carbone ou des pratiques de bien-être animal au top, malheureusement ça se paye.
Et je ne sais pas qui pourra mener cette politique et comment. L’état par contrainte ? par incitation ? Les consommateurs en s’associant ?
En tout cas, ne tirons pas trop vite sur l’élevage et l’agriculture comme responsables de NOS habitudes de consommation. Ces domaines sont émetteurs mais on a des solutions pour les soutenir et les pousser vers une grande amélioration. Restons nuancés, on ne veut plus d’élevages de masse, mais des élevages quand même, on veut de moins en moins de glyphosate et pesticides, mais peut-être sont-ils acceptables en dernier recours ? (faudrait déjà arrêter d’en importer à grande doses pour nourrir nos animaux par exemple avant de l’interdire à 100% en France où on emploie de faibles doses comparé aux autres…)
Allez, peace 